Sexisme au travail : comprendre et agir

Le sexisme au travail reste un phénomène trop répandu qui engendre des conséquences néfastes pour les victimes et les entreprises. Cet article explore ses différentes manifestations ainsi que les moyens pour le combattre efficacement.

Les manifestations du sexisme au travail

Le sexisme au travail peut prendre de multiples formes, parfois insidieuses et difficiles à identifier. Ces comportements, souvent banalisés, créent un environnement hostile et dégradant pour les victimes, principalement les femmes. Décryptons ensemble les différentes manifestations du sexisme en entreprise.

Les blagues et remarques sexistes

Les blagues sexistes sont monnaie courante dans de nombreux milieux professionnels. Elles véhiculent des stéréotypes de genre, réduisant les femmes à des objets sexuels ou les cantonnant à des rôles subalternes. Ces "traits d'humour" participent à la normalisation du sexisme et peuvent rendre les victimes mal à l'aise, voire humiliées. Les remarques sur l'apparence physique ou la tenue vestimentaire des femmes sont également fréquentes. Elles détournent l'attention de leurs compétences professionnelles et les renvoient à leur statut d'objet sexuel. Ces commentaires déplacés contribuent à créer un climat intimidant et dégradant.

Le sexisme faussement bienveillant, invisible

Le sexisme ne se limite pas à des remarques ouvertement hostiles. Il peut aussi prendre la forme d'une apparente bienveillance, comme le fait de complimenter une femme sur ses soi-disant qualités "féminines" ou de la surprotéger. Ce sexisme bienveillant renforce les stéréotypes de genre et maintient les femmes dans une position d'infériorité.

L'intersection du sexisme et du racisme

Les femmes issues de minorités ethniques sont confrontées à une double discrimination, à la fois sexiste et raciste. Elles peuvent être assignées à des tâches subalternes, en raison de préjugés liés à leur genre et à leur origine. Cette situation les maintient dans une position d'infériorité et nuit à leur évolution professionnelle.

Les conséquences du sexisme au travail

Le sexisme crée un environnement de travail toxique et peut avoir des répercussions graves sur la santé mentale des victimes. Il génère du stress, une perte de confiance en soi et peut même conduire à des dépressions ou à des syndromes de stress post-traumatique. De plus, le sexisme au travail alimente un climat propice aux violences plus graves, comme le harcèlement sexuel ou les agressions. En banalisant les comportements sexistes, on légitime progressivement des actes de plus en plus graves, selon le principe de la "pyramide des violences".

Les chiffres et faits marquants du sexisme au travail

Le sexisme au travail est une réalité préoccupante qui touche une grande majorité des femmes salariées en France. Les chiffres et les faits marquants soulignent l'ampleur de ce phénomène et ses conséquences sur la vie professionnelle des femmes.

80% des femmes salariées confrontées à des attitudes sexistes

Selon une étude du Conseil Supérieur de l'Egalité Professionnelle entre les femmes et les hommes (CSEP) de 2016, 80% des femmes salariées se déclarent régulièrement confrontées à des attitudes ou à des décisions sexistes. Ce chiffre alarmant met en évidence la banalisation du sexisme dans le monde du travail. Un sondage réalisé par notre équipe le 20 août 2020 auprès de 4789 femmes révèle que :
  • 26% indiquent être victimes aujourd'hui de sexisme au travail
  • 65% estiment l'avoir été au cours de leur carrière

63% des femmes victimes de sexisme n'ont pas réagi

Le rapport du CSEP de 2016 souligne également que 63% des femmes victimes de sexisme n'ont pas réagi ou n'ont pas souhaité dénoncer ces comportements par peur de représailles ou pensant que cela ne mènerait à rien. Ce silence contraint perpétue les agissements sexistes et renforce le sentiment d'impunité des auteurs.

56% des femmes non cadres n'ont pas été écoutées

Parmi les femmes qui ont dénoncé des agissements sexistes à leurs supérieurs, 56% des femmes non cadres n'ont pas été écoutées ou pire, elles n'ont pas été crues. Cette absence de prise en compte de la parole des victimes contribue à la banalisation du sexisme et à son ancrage dans la culture d'entreprise.

Inégalités de salaires et obstacles professionnels

Les chiffres mettent également en lumière les inégalités professionnelles entre les femmes et les hommes :
Indicateur Chiffre
Écart de salaire moyen entre les femmes et les hommes 24%
Part des femmes salariées non cadres ayant rencontré un frein professionnel en raison de leur sexe 51%
Ces inégalités se manifestent par l'absence de promotion ou de primes, des freins à l'embauche ou à la formation pour les femmes. Le sexisme crée un plafond de verre qui limite l'évolution professionnelle des femmes et les maintient dans des postes subalternes. Face à ces chiffres alarmants, il est urgent d'agir pour lutter contre le sexisme au travail. La prise de conscience collective et l'engagement des entreprises sont indispensables pour créer un environnement de travail égalitaire et respectueux pour toutes et tous.

Les conséquences du sexisme pour les victimes et l'entreprise

Le sexisme au travail a des conséquences dévastatrices non seulement pour les victimes, mais aussi pour l'entreprise dans son ensemble. Les femmes qui subissent des comportements sexistes au quotidien voient leur bien-être et leur efficacité professionnelle gravement affectés, tandis que l'organisation perd en productivité et en cohésion d'équipe.

L'impact du sexisme sur les victimes

Les attitudes et décisions sexistes ont un effet profondément négatif sur les femmes qui en sont la cible. Confrontées régulièrement à des remarques déplacées, à un manque de reconnaissance de leurs compétences ou à des obstacles dans leur progression de carrière, elles développent souvent un sentiment de dévalorisation et une perte de confiance en elles. Comme le souligne Anne-Laure Thomas, ancienne consultante victime de sexisme :
Cela avait un véritable impact sur mon travail, sur la confiance que je pouvais avoir en moi.
Face à un environnement hostile, de nombreuses femmes ont tendance à s'auto-censurer, évitant de s'exprimer en réunion ou de proposer leurs idées par peur d'être rabaissées ou ignorées. Certaines vont jusqu'à modifier leur comportement et leur apparence pour tenter d'échapper aux commentaires désobligeants. À long terme, cette pression constante peut entraîner une détérioration de la santé mentale et physique des victimes, avec un risque accru d'anxiété, de dépression et de burn-out.

Les répercussions sur l'entreprise

Au-delà de l'impact individuel, le sexisme a aussi des conséquences néfastes pour l'organisation. Lorsque les femmes sont réduites au silence ou que leurs contributions sont minimisées, c'est toute l'entreprise qui se prive de leurs compétences et de leur créativité. Cette perte d'efficacité peut se traduire par des décisions sous-optimales et une baisse de la performance globale. De plus, les comportements sexistes nuisent à la cohésion et au sentiment d'appartenance au sein des équipes. Les victimes, se sentant exclues et dévalorisées, auront tendance à se désengager de leur travail et à limiter leurs interactions avec leurs collègues. Cette atmosphère délétère favorise les tensions et les conflits, rendant la collaboration plus difficile. Enfin, le sexisme entraîne des coûts concrets pour l'entreprise en termes d'absentéisme et de turnover. Les femmes qui subissent un environnement de travail toxique sont plus susceptibles de tomber malades ou de quitter prématurément leur poste, générant des dépenses supplémentaires en recrutement et en formation. Face à ces conséquences désastreuses, il est urgent pour les entreprises de prendre des mesures concrètes pour prévenir et sanctionner le sexisme sous toutes ses formes. Seul un engagement fort de la direction, accompagné d'actions de sensibilisation et de dispositifs de signalement efficaces, permettra de créer un environnement de travail inclusif et respectueux pour tous.

Les mesures pour lutter contre le sexisme au travail

Face au sexisme au travail, les entreprises ont un rôle crucial à jouer. En mettant en place des mesures concrètes, elles peuvent créer un environnement de travail plus égalitaire et respectueux, où chacun se sent valorisé et en sécurité. Voici quelques actions clés que les entreprises peuvent entreprendre pour lutter efficacement contre le sexisme.

Sensibiliser et former le personnel

La première étape consiste à sensibiliser l'ensemble des collaborateurs aux problématiques du sexisme. Des campagnes de communication interne, avec des affiches, des newsletters ou des vidéos, permettent de rappeler les comportements à proscrire et de promouvoir une culture d'entreprise inclusive. Des formations spécifiques peuvent être dispensées, en particulier aux managers, pour les aider à identifier et à réagir face aux situations de sexisme.

Instaurer des mécanismes de signalement et de sanction

Il est essentiel que les victimes ou témoins de sexisme puissent le signaler en toute confidentialité. Les entreprises doivent donc mettre en place des procédures de plainte claires et accessibles, par exemple via une ligne d'écoute dédiée ou un formulaire en ligne. Chaque signalement doit ensuite faire l'objet d'une enquête approfondie et, le cas échéant, de sanctions disciplinaires adaptées (avertissement, mise à pied, licenciement...). La nomination de référents, formés à l'accueil et l'orientation des victimes, est également recommandée. Selon la loi française, les entreprises de plus de 250 salariés doivent désigner un référent harcèlement sexuel et agissements sexistes parmi les membres du CSE.

Formaliser l'engagement dans des politiques internes

Pour ancrer durablement la lutte contre le sexisme, les entreprises gagnent à formaliser leur engagement dans des politiques écrites : charte éthique, accord d'entreprise sur l'égalité professionnelle, règlement intérieur... Ces documents posent un cadre clair, rappellent les principes de non-discrimination et de tolérance zéro, et listent les mesures de prévention et de traitement. L'implication de la direction est ici primordiale. Comme le souligne le "Kit pour agir contre le sexisme au travail" du Conseil supérieur de l'égalité professionnelle (CSEP), le sujet doit être porté au plus haut niveau et faire l'objet de déclarations publiques de l'employeur.

Quelques exemples de bonnes pratiques

  • Le groupe Danone a signé en 2020 un accord monde sur l'égalité professionnelle, qui prévoit la mise en place d'une procédure de signalement des cas de harcèlement et de discrimination dans tous les pays.
  • En 2019, la SNCF a lancé une campagne de sensibilisation interne baptisée "Sexisme, pas notre genre !", avec des vidéos et un guide pratique pour apprendre à repérer et combattre le sexisme ordinaire.
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